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Présidentielles-9 (C)

pythecos-7.jpg     Si je comprends bien, au XXème siècle, on déconstruit tout :

      le curé,  out !...  le pater familias, out !....

     Je présume que vous allez me dire: "le prof", out !

         Tout à fait ! J'ai déjà longuement commenté la déstructuration de l'Education Nationale et je vous renvoie dans mes archives à la note octobre 2015, toutefois je voudrais revenir sur certains aspects de cette déstructuration et sur les conséquences. De même qu'il faut libérer la femme, il faut libérer l'enfant. Le mot "élève" est banni, il renvoie à l'idée d "élevage" et le "maître (d'école) est un "dresseur" avec tout ce que ce dressage induit: estrade et bureau du maître surélevé pour mieux dominer la classe, la férule, le bonnet d'âne pour humilier les fautifs, les privations de récréations, les "lignes" interminables, etc.
        Loin de moi cette nostalgie de ce qui fut mes années d'élève à l'école primaire. Entré dans l'enseignement en 1950, "instit" en classe unique ou dans des  écoles à deux classes, je m'empressai de supprimer l'estrade, puis, en fonction des capacités financières des communes, j'obtins de remplacer les tables traditionnelles à plateau incliné, ouvrant, et à banc fixe par des tables et des chaises plus confortables. Mes rapports avec les élèves ne furent pas ceux des maîtres âgés que j'étais amené à remplacer, j'organisais des jeux collectifs pendant les récréations, des promenades en forêt avec séances d'observation suivies d'exercices écrits et oraux, etc. Mes élèves étaient mes enfants. Et je pouvais enseigner en toute quiétude car j'avais gagné, outre  leur affection et leur respect,  la confiance des parents.
        Mais cette pédagogie fut peu à peu, mesurette après mesurette, radicalement modifiée et imposée par l'Inspection de l'Education Nationale:
        - suppression de la morale, qui sera à l'origine de la dégradation des rapports humains, (manque de respect, indiscipline, incivilités pouvant atteindre un paroxysme):
        A Tours nous apprenions cette semaine qu'un enfant de 13 ans avait "lardé" sa mère de coups de couteau ; le lendemain, un incendie volontaire de voitures se propageait à un immeuble, détruisant 13 logements. Et ces "incivilités" quand ce ne sont pas des crimes, s'étendent  peu à peu à tous les quartiers urbains et, désormais,  dans les campagnes les plus reculées.
      - suppression des analyses grammaticales et logiques qui permettaient - après décomposition, de décrypter une phrase complexe et, par delà, un raisonnement;
         - suppression de la diachronie au profit de la synchronie (en d'autres termes du passé au profit du présent), en histoire c'est la suppression de la chronologie, en français c'est la   suppression d'une terminologie séculaire, calquée sur la grammaire latine, et son remplacement par une terminologie empruntée à la linguistique: lexème, morphème, prédicat etc. Ce qui s'accompagne d'une priorité donnée à l'oral sur l'écrit. Ainsi, la suppression des langues dites mortes le grec ancien et le latin ( parce qu'elles ne sont plus parlées), alors qu'elles sont les racines de notre propre langue et la base des mythologies et de la philosophie qui en découle.
           Cette priorité de l'oral sur l'écrit se traduit par le succès de l'image et, en particulier des BD (bandes dessinées) qui font appel à des expressions brèves et accumulent les onomatopées. Notons également la pratique des tablettes dont l'exiguïté laisse peu de place au "discours" et favorise l'écriture phonétique: "ta vu le kon a la tel"
         - suppression de la dictée (le Bled banni) puis, peu à peu, la suppression de la grammaire,etc.

        Ces déconstructions ont été imposées (!), au nom même de l'abolition des contraintes ! par les "pédagogistes", ainsi dénommés comme spécialistes des sciences de l'éducation et de la pédagogie sous le direction de Philippe Meyrieu, lui même l'un des fondateurs des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM) et du Conseil National des Programmes. Ce sont donc, désormais, des générations d'enseignants "pédagogisants", les maîtres devenus, entre temps, professeurs des écoles, ignorant les pratiques anciennes qui avaient fait, à l'étranger, le succès de notre Education Nationale. Le principe était louable: l'enfant doit être au cœur de la pédagogie, mais son application une utopie: c'est à l'enfant de décider de ce qu'il veut apprendre (le prof n'a pas à imposer, à contraindre l'enfant qui, au demeurant, n'est plus un élève mais un apprenant !) Et cet apprenant choisit non seulement ce qu' il veut apprendre mais aussi le moment et le  comment !  Il est évident que cette méthode pourrait être judicieuse dans un milieu privilégié, dans une famille cultivée, mais qu'elle est totalement utopique.
            Supprimer les contraintes mais également supprimer les inégalités, d'où des mesures dites égalitaristes, l'objectif étant de lutter contre les "discriminations sociales". De là des "programmes" de plus en plus allégés, ex: ...
    - en grammaire, la suppression du subjonctif, il fut un temps où était envisagée la suppression du passé simple (!)
    - la réforme de l'orthographe qui brouille l'étymologie, et, par delà, la compréhension : les articles de journaux nous fournissent de nombreux exemples: des barbarismes comme ce qu'il au lieu de ce qui, ex: "on ne sait pas ce qu'il s'est passé" au lieu de: "ce qui s'est passé" (Benjamin Illy, journaliste sur France Info le 6 juin 2017) ; des non sens: "En Afrique du Sud vous avez beaucoup plus de chances d'être assassiné en ville qu'à la campagne",( car c'est une chance d'être assassiné !), dans les rubriques locales, la confusion du vocabulaire entre le transport des ordures ménagères et le ramassage scolaire ! etc.
       - on se souvient d'un Président de la République qui s'étonnait qu'à l'Université on enseignât encore La Princesse de Clèves (!);
       - récemment, lors d'une inspection en collège, un professeur d'histoire se vit reprocher par son Inspectrice d'avoir utilisé trois extraits de texte dans son cours et d'avoir utilisé et inscrit au tableau plusieurs mots, alors qu'il n'aurait fallu n'en utiliser qu'un seul  (!), etc.
            Ces mesures égalitaristes aboutissent à un nivellement par le bas, elles sont renforcées par le non-redoublement, la suppression d'un examen de contrôle avant le passage en 6ème et, à la fin des études secondaires, à un baccalauréat qui n'est qu'une coquille vide. Les conséquences sont dramatiques: d'après une évaluation (CEDRE, 2012)  29% seulement des élèves entrant en 6ème maîtrisaient la lecture, d'où l'échec programmé des 2/3 des élèves.
Il est évident que certains établissements échappent à ces mesures, sont considérés comme élitistes et  les familles puissantes, contournant la carte scolaire, y inscrivent leurs enfants (un journaliste faisait remarquer, avec humour, que dans tel établissement parisien, les élèves inscrits pourraient constituer un gouvernement-bis !). De plus les familles aisées inscrivent leurs enfants dans des cours privés payants, contournant ainsi ces mesures dites égalitaristes.

Vous évoquez principalement l'enseignement du Français et accessoirement de l'Histoire, en est-il de même dans les autres disciplines ?

Hélas oui, mais semble t-il à un degré moindre, ce sont surtout les sciences humaines qui sont affaiblies, volontairement et par idéologie. J'ajouterai que les professeurs ne sont pour rien dans cette faillite de l'Education Nationale, que certains contournent plus ou moins les Instructions officielles (souvent au mépris de leur carrière) et que - en tout état de cause, ce sont eux les premières victimes, (dépressions de plus en plus nombreuses, quand ce ne sont pas des agressions physiques par les élèves eux-mêmes ou certains parents d'élèves !)

                                                                                           à suivre: Présidentelles - 10

 

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