Les plaies qui ont décrédibilisé les députés sont, comme nous l'avons vu, le parachutage et l'absentéisme. L'emploi d'assistants a contribué au malaise en permettant d'accuser lesdits députés de népotisme. Qui plus est, un mouvement de protestation agite les assistants eux-mêmes qui sont dépourvus de statut. Nos suggestions ont pour but de résoudre au moins une partie de ces problèmes en redéfinissant le rôle de ces assistants, dont nous faisons de véritables adjoints.
Le travail des députés est immense, dans les commissions et à l'Assemblée-même. Le député est soumis à un travail de réflexion personnelle et à des rapports étroits avec ses collègues du groupe parlementaire auquel il est associé. De plus, s'il est député de la nation , il est aussi député d'une circonscription territoriale et doit être à l'écoute de ses concitoyens et se faire l'écho de leurs préoccupations. Pour cette raison précise, il exerçait le plus souvent un mandat électoral (maire, conseiller départemental, régional), auquel s'ajoutaient des "présidences".. Une décision heureuse a supprimé le cumul des mandats, soulageant le député, moins contraint d'être "au four et au moulin", à l'Assemblée et dans sa circonscription, avec, cependant, un effet pervers: ne plus être "en phase" avec ses électeurs qui risquent de le considérer comme un extra-terrestre, un inconnu. D'où, la nécessité pour le député, lors de ses jours de repos nécessaires à un équilibre qui vient vite à lui manquer, de courir les inaugurations de chrysanthèmes, d'un bout à l'autre de la circonscription, partout où il sera assuré de croiser des journalistes et d'être présent dans la presse locale, par une photo, ou une petite phrase censée lui attirer la sympathie du public. Ce qui a pour effet induit de le décrédibiliser!
Pour l'assister, le député dispose d'un crédit d'un montant net de 9 618 € pour recruter 1 ou plusieurs assistants, sachant que l'Assemblée assume les charges patronales, sociales, fiscales. Les fonctions de l'assistant sont immenses: assumer l'emploi du temps du député / sa correspondance / gérer les dossiers administratifs /fournir une veille juridique sur des thématiques précises / prendre part à la rédaction des propositions / soutenir le député techniquement et "moralement" dans les difficultés, etc. Un travail qu'il exerce à la fois à l'Assemblée et dans la circonscription. Dans ces conditions, le député a besoin de "compétences diverses" et a tendance à recruter plusieurs assistants, le plus souvent au nombre de quatre. Le crédit, partagé en 4, ne permet pas à l'assistant de vivre décemment, d'autant qu'il est lié par un CDI. Il est contraint d'avoir des activités annexes rémunératrices; d'assistant il devient en réalité simple conseiller occasionnel. Ces dispositions sont d'autant plus "légales" que le contrat lie le député à ses assistants, sans aucun contrôle du bureau de l'Assemblée. Cette disposition était au cœur du conflit "Fillon" lors de la dernière présidentielle.(Pour mémoire, rappelons que Médiapart, faisait état de 112 assistants parlementaires qui portaient le même patronyme que le député (épouse ou enfants),mais cette enquête ne faisait pas état d'épouses qui avaient conservé leur nom d'origine, des brus ou des gendres et ... des maîtresses ou des amants ! Ce qui faisait dire au député Bartolone: je n'ai pas fait travailler mon épouse, j'ai épousé ma collaboratrice. Nuance!)
Pour toutes ces raisons, nous suggérons les propositions suivantes.
Lors de sa candidature, le député présente le nom de ses deux collaborateurs, désormais dénommés - adjoints (adjointes) - en précisant leur degré de compétences et je lève l'interdiction d'emplois familiaux. Qui, plus qu'une épouse ou un époux - quand il (ou elle) en a les compétences - peut "assister" au mieux le député ? D'autant que cet emploi est fragile et peut très bien ne durer que le temps d'un mandat (5 ans), après lequel "l'employé(e)" se retrouve sans emploi ! L'électeur vote donc en toute connaissance, à la fois, pour un député et pour ses deux adjoints. (En cas de vacance du siège (ex: maladie ou... sanction pour absentéisme) le 1er adjoint prend la place du titulaire, supprimant ainsi toute interruption du mandat.
A l'exception des circonscriptions totalement urbaines, l'un des adjoints (ou adjointes) est affecté aux secteurs urbains, l'autre, aux secteurs ruraux, tant les problèmes de ces deux secteurs sont différents et parfois opposés.
L'emploi de l'adjoint ou de l'adjointe est un emploi à plein temps pour lequel je propose une rémunération de 4 000 € net.
L'adjoint ou l'adjointe représente le député dans sa circonscription.
Son rôle est varié et complexe.
Dans le contexte de la refondation des "partis politiques" (sur laquelle nous reviendrons) l'adjoint a un rôle d'assistant dans les différentes sections de la circonscription (informations, adhésions, débats).
En dehors du parti, l'adjoint multiplie les réunions sectorielles, locales, professionnelles (ex: les commerçants de tel quartier, les boulangers d'une ville, les céréaliers, les producteurs de lait de chèvre, etc.)
L'adjoint maintient des liens étroits avec les associations (caritatives, culturelles, sportives, etc) les syndicats, les municipalités, etc.
L'adjoint reçoit aux heures fixes de permanence les électeurs pour des entretiens personnels.
Ces contacts, ces réunions, ces débats sont le sel de la démocratie. Les rapports sont envoyés au député pour informations et actions. Le député envoie en retour les actions entreprises et les résultats obtenus....
Députés et adjoints ont un rôle complémentaire et actif, visant un maximum d'efficacité, et non un simple rôle de figuration, comme nous l'avons, hélas, trop souvent constaté. C'est à ce prix que la confiance reviendra dans notre démocratie parlementaire, qui, malgré ses défauts et parfois ses errements, demeure la moins mauvaise des gouvernances.