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Présidentielles-9 (B)

L'évolutionpythecos -2.png comportementale ne se limite pas aux mouvements pacifistes qui concernent essentiellement les jeunes générations, mais pas seulement, les Français qui ont aujourd'hui 70 ans n'ont pas connu la guerre, du moins sur le sol hexagonal ! Et pourtant, les mentalités résultent de ces deux guerres mondiales que certains historiens résument en une seule séquence (14-45). Bien que les élections législatives n'aient pas encore eu lieu, on peut prévoir un rajeunissement important  des nouveaux parlementaires, dont certains n'auront du passé qu'une approche sommaire, à titre d'exemple, le président Macron, lui-même, au cours d'une récente interview, a donné l'impression  de ne pas faire la différence entre colonisation et colonialisme !

       Vous avez parfaitement raison, mais j'ajouterai un point important: il ne faudrait pas réduire cette appréciation à la France:  cette évolution touche au moins l'ensemble de la civilisation occidentale, sinon plus !
      Toutefois je reviens à la source de cette évolution, dont les racines plongent dans l'univers artistique et gagnent les milieux intellectuels puis les politiques.

         L'influence de Picasso va être considérable. Avec Braque et bien d'autres, Picasso va déconstruire le réel en décomposant l'image en deux dimensions, sous forme de cubes (d'où le terme de "cubisme" donné à son mouvement pictural). Un visage de femme sera vu à la fois de face et de profil. L’œuvre de Duchamp, pour être moins importante, marquera les esprits: il donne vie aux objets (ex: un urinoir, baptisé fontaine), par le biais du cinéma, il décompose les mouvements. L'interview donnée à Cabanne en 1967, marque l'étendue de son déconstructivisme : "J'ai voulu changer d'identité et la première idée qui m'est venue, c'est de prendre un nom juif. J'étais catholique et c'était déjà un changement que de passer d'une religion à une autre. Je n'ai pas trouvé de nom juif qui me plaise ou qui me tente et tout d'un coup j'ai eu une idée : pourquoi ne pas changer de sexe ! Alors de là est venu le nom de Rrose Sélavy"
 
        Les poètes vont emboiter le pas. André Breton se libère de tout héritage et particulièrement de la raison, d'où le "sur-réalisme". Sous l'influence de Freud, il fait appel au psychisme, à l'inconscient, au rêve. Parmi les "Nouveaux romanciers", Claude Simon occupe une place à part  qui sera sanctionnée par le prix Nobel de littérature en 1985. Il rejette les valeurs passées: le réalisme (Balzac), le naturalisme (Zola). Il déconstruit la logique narrative en emboitant des parenthèses dans des parenthèses, en supprimant la ponctuation, il malmène la chronologie. Selon sa propre déclaration, son œuvre est " un magma de mots et d'émotions" disparates. On retrouve ainsi dans la littérature le souci des peintres de brouiller la figuration, l'intrigue comme les personnages (parfois désignés par des initiales) passent au second plan. Le déconstructivisme romanesque traduit une sensation de malaise, d'insécurité et va influencer les romans de science-fiction.

         La musique n'est pas en reste (cf. supra le teknival de Pernay); notons le groupe alternatif américain qui a choisi de se dénommer lui-même "déconstruction" ! De même, en architecture, le déconstructivisme: murs penchés, sols et fenêtres inclinés, poteaux de biais, l'ensemble donnant l'impression de secousses telluriques, en réalité l'expression d'un chaos contrôlé (cf.l'Imperial war museum de Manchester) Cette déconstruction touche tous les modes d'expression, l'art déco, l'habillement ( l'ado achète un jean neuf, le délave et n'hésite pas à le déchirer !), la coiffure avec des mèches décalées, etc. etc. Toutes ces déconstructions sont le reflet de la société et de la culture actuelles: héritées du XXème siècle, il appartiendra au XXIème de leur donner une réponse.

           Ces déconstructions, que nous venons d'énumérer brièvement, ne sont pas nées spontanément. Elles sont le fruit d'une réflexion philosophique, inspirée par Heidegger et théorisée par un certain nombre de philosophes dont le plus influent de tous, Jacques Derrida (1930-2004). Au sens propre la déstructuration est un processus de désintégration des structures mentales. La réflexion de Derrida portera essentiellement sur la linguistique (une science qui va prendre un essor considérable) et sur le rapport écrit/oral. Il met en valeur les binômes nature/culture, masculin/féminin, réalité/apparence, etc. Militant d'extrême gauche, il défilera avec les étudiants en mai 68, avec (entre autres) Foucault, Sartre, Simone de Beauvoir, Sollers, Dolto, il demandera la dépénalisation de toutes les relations sexuelles consenties entre des adultes et des mineurs de moins de 15 ans (!).
           On perçoit combien la frontière est fragile entre relations sexuelles consenties et la pédophilie. Que vaut le consentement d'un enfant de moins de 15 ans, devant l'autorité d'un adulte ?
            
Sans nous étendre davantage sur le philosophe et sur son œuvre, nous allons évoquer les principales répercussions sociétales.

                Au nom de la liberté de l'individu, il faut le délivrer de toute sujétion: Dieu, époux,  père,  prof, patron,  flic etc.: tout ce qui, sous une forme ou sous une autre, est synonyme d'oppression. On opposa la laïcité à la religion, mais peu à peu cette laïcité devint laïcisme. Des mesures politiques, apparemment anodines sont prises pour gommer les fêtes religieuses,
        ex: les vacances de Pâques deviennent les vacances de Printemps, la St Jean devient la fête de la musique, la Toussaint devient Halloween, Noël est la fête des enfants.
             Sous le prétexte fallacieux de faciliter la circulation des engins agricoles, dans les campagnes, on détruit les croix qui marquaient ... les "carrois" (carrefours). etc.

             En 1993, le choix du prénom de l'enfant  par les parents  est totalement libéré; laquelle libération donne droit à l' imagination pure, à la combinaison de syllabes, aux variations orthographiques.
        A titre d'exemples nous donnons la liste des prénoms des nouveaux-nés publiés dans la rubrique état civil de Tours le 5 mai 2017:  Kaylie, Aylie, Margot, Gabriel, Nolan, Hayden, Cataleya, Ethan, Mehdi, Kyle, Maya, Dickenson, Sheldon (2),  Anfel. Même si certains de ces prénoms  sont associés à des patronymes étrangers, la plupart sont bien d'origine française: Santerre, Coquet, Grappin, etc Par comparaison, nous joignons les prénoms des personnes décédées figurant le même jour à la même rubrique, toutes nées entre 1923 pour la plus âgée et 1946, pour la plus jeune: Monique, Lucien, Bernard, Jacques, Liliane, Pascal, Michel (2), Lucien, Marc, Marie. la confrontation entre les deux listes montre l'évolution patente entre le début et la fin du siècle et la disparition du référent religieux (le saint du calendrier).

       La déchristianisation est évidente. Nous sommes bien loin de l'époque où l'on pouvait titrer: un village = un maire, un curé,  un instit, (un notaire pour les bourgs plus importants) ! Les vocations à la prêtrise sont de plus rares et les séminaires départementaux ont disparu; pour maintenir un certain équilibre (1 prêtre pour 20 à 30 communes), l'Eglise fait appel de plus en plus au clergé africain. Certes, rétorqueront certains d'entre vous,  demeure un enseignement catholique... sauf que les jésuites, qui constituaient le personnel enseignant dans le secondaire et les Frères des Ecoles chrétiennes dans le primaire, ont disparu, remplacés par... des laïcs sous le contrôle de l'Education Nationale ! Les Ecoles, dites libres, à l'exception de quelques-unes d'entre elles n'ont plus rien, (ou du moins pas grand chose) de confessionnel ! Mais pourquoi attacher une telle importance au recul de la christianisation, diront les athées et les agnostiques ? Sauf que cette évolution est synonyme de matérialisme (aujourd'hui dénommé: société de consommation), et que - a contrario - le besoin de sacré est pour beaucoup une nécessité vitale :  qu'il soit catholique, protestant, juif, musulman, bouddhiste, shintoïste, ou agnostique, libre-penseur, etc. l'homme, quelle que soit sa culture, a besoin de résoudre les problèmes existentiels, à besoin de donner un sens à sa propre vie. Ce n'est pas le fait religieux qu'il faut condamner, mais les déviances intégristes qui s'adossent à des certitudes pour condamner tous ceux qui refusent d'adhérer à leurs propres convictions. Et c'est bien le problème actuel que pose l'islamisme, prêchant la guerre "sainte" (!), en employant pour ce faire la méthode odieuse du terrorisme. Et c'est bien ce besoin de transcendance qui pousse les jeunes maghrébins à rejoindre Daesch.
         C'est aussi ce manque de sacré, ce besoin de transcendance qui font la fortune des églises évangélistes, comme celle des Témoins de Jéhovah. Nous avons en mémoire la secte du Temple solaire, qui, dans les années 90, au Canada, en France, en Suisse, poussa ses membres au suicide (ou assassinat ?) collectif, faisant 74 victimes, dont la mère et le frère du champion olympique Jean Vuarnet.
      
          On attribue à Malraux l'expression, "le siècle religieux sera religieux ou ne sera point".. Quoi qu'il est soi, ce sera l'un des problèmes capitaux posés aux politiques... et à l'Education Nationale.

         Autre déconstruction sociétale:  la famille. Les parents sont des... "persécuteurs",  et certains philosophes (Foucault, Deleuze) iront jusqu'à qualifier la famille de "noyau de la pensée fasciste" et, pour Michel Field, jusqu'à ces derniers jours directeur de l'information sur France-Télévision: "la famille est un danger public permanent" ! Etape intermédiaire pour déconstruire la famille,la disqualification du mariage. Nous ne revenons pas sur ces débats qui ont donné lieu à des manifestations monstres, nous soulignons seulement l'une des conséquences  de cette déconstruction: la monoparentalité. Si dans les années 60, ces familles monoparentales étaient dues au veuvage, elles sont aujourd'hui dues à la fragilité des unions, quand elles ne sont pas dues à ...l'absence d'union. Cette monoparentalité tend à devenir un "modèle" de société et se développe à très grande vitesse dans les sociétés occidentales. L'INSEE, sur laquelle nous nous appuyons, dénombrait 77% d'hommes et femmes (dans le cadre de la monoparentalité) n'ayant pas de relation amoureuse stable et refusant d'en avoir. En 2005, on dénombrait 1,76 million de familles monoparentales induisant 2,84 millions d'enfants, en 2011 (donc en 6 ans de temps) le nombre d'enfants est passé à 3,966 millions ! En l'absence de statistiques, on peut néanmoins penser que ce nombre (2017 par rapport à 2011) a doublé ! Or, il faut savoir que 6% de ces enfants ne revoient jamais leur mère, et 18% ne revoient jamais leur père ! A ce déséquilibre affectif, il faut ajouter pour ces foyers monoparentaux, non seulement des difficultés de logement mais des difficultés pour trouver un emploi stable. La plupart de ces familles vivent en-dessous du seuil de pauvreté. Et pour certaines d'entre elles nous rappelons ce que nous avons déjà noté: drogue, MST, sida.

                                                          à suivre: présidentielles-9 (C)

 

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