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Une démocratie ... de droit divin ?

La démocratie est-elle un leurre ? pythecos-7.jpg

        Ce qui me frappe dans les coups d'Etat, que je viens succinctement d'évoquer ce n'est pas un sentiment de résignation, auquel on pourrait s'attendre mais le quasi enthousiasme populaire (le "demos"). Je me souviens de la réaction de mon propre père qui me déclara après le referendum de De Gaulle (1958) : "tu vas être content ! j'ai voté De Gaulle ! Tu vas voir, il va leur botter les fesses (j'édulcore) ... tous ces pourris, etc." Je n'ai pas pu, (ou su), le détromper ! (J'étais trop jeune pour comprendre, pensait-il !) Ce même enthousiasme avait accompagné le couronnement impérial de Napoléon 1er, et  la prise de pouvoir de Napoléon III n'avait été contesté que par une toute minorité de républicains. Quant à De Gaulle, son aura est telle que plus d'un demi-siècle après, le "gaullisme" est revendiqué par les politiciens d'aujourd'hui, à travers la construction artificielle d'un mythe, car ils sont trop jeunes pour avoir été confrontés à la réalité des faits. Aujourd'hui,  à peine le joueur de flute Macron s'est-il mis en marche que, tels les rats des frères Grimm, une foule d'internautes le suivent et continuent d'affluer venant de tous les horizons, de gauche, du centre, de droite. Souhaitons leur de ne point aller se noyer dans la Seine et que leur enchanteur ne soit point lapidé ! Napoléon n'est-il pas mort exilé à St-Hélène, Napoléon III en exil en Angleterre, et de Gaulle, trop humilié  par un "non" à son référendum, contraint de s'exiler dans son ermitage de la Boisserie à Colombey ?

       Je me demande si les Français ne souffrent pas inconsciemment  du régicide de 1793, s'ils ne rêvent pas inconsciemment d'une monarchie de droit divin. Les deux empereurs furent "sacrés". Quant à De Gaulle, il s'imposa tel un monarque, et la qualification donnée par les historiens de "république monarchique", n'est pas usurpée même si on la tempère de l'attribut "constitutionnelle". Et que dire de Macron ? Lui qui affirme que sa fonction sera jupitérienne ! Aujourd'hui où les humanités, dites classiques, ne sont plus enseignées qu'à minima, est-il bon de préciser que le  Jupiter romain n'est autre que le Zeus grec, et que le mot Zeus (prononcé dzeus) a donné ... dieu ! Ainsi Macron, bon élève de Jésuites laisserait entendre qu'il tiendrait son pouvoir de dieu et non du peuple. Et pour qu'il ait l'audace d'employer une telle périphrase sur le modèle de "Louis XIV, roi Soleil", il faut qu'il soit certain, lui ou ses conseillers en communication, que le ridicule ne tue pas mais - a contrario - que cet élément de langage,  lui-même accompagné de toute une scénographie, serait un élément séducteur : le culte de l " homme... fort (et) ... inspiré " bien au-delà d'une démocratie démagogique ! ( A l'heure où j'écris ces lignes, j'apprends  (internet outdonews.com) que le ministre de l'économie, Lemaire, en déplacement aux Etats-Unis s'est présenté comme étant Hermès, le messager de Macron-Jupiter. Mais ce brillant énarque - qui aurait expliqué son échec aux primaires par son trop d'intelligence (radio) - sait-il que le messager Hermès, dieu du commerce, est aussi le dieu des voleurs ? Jusqu'à quel degré de c**** filera cette métaphore ? Bayrou-Judas ? A qui le privilège de Paul le renégat: Hamon ou Valls, l'un et l'autre n'ont-ils pas abandonné l'étiquette socialiste ?) etc. etc.

            Abandonnons cette analyse psychanalytique, pour un peu plus de réalisme. La constitution de la 5ème république octroie au Président un pouvoir quasi monarchique, or, la Constitution n'a pas été modifiée, pourquoi Macron s'emploie t-il a redresser cette fonction "à la verticale" selon sa propre expression. Il faudrait retracer l'histoire de la 5ème République ce qui déborderait trop de notre propos. Il est évident que cette fonction s'est peu à peu inclinée pour devenir horizontale. Car une Constitution ne fait pas tout, il faut que le porteur soit à la hauteur de la situation. De Gaulle avait la stature présidentielle, la taille qui en imposait, la voix, la plume aussi et surtout son passé de résistant. (Bien que ce terme soit inapproprié, et, presque une injure aux vrais résistants-martyrs. De Gaulle c'est l'homme de Londres, confortablement installé dans un fauteuil. Ceux qui ont réellement dirigé la Résistance, c'est Moulins qui paya de sa personne, et c'est après lui le petit prof d'histoire, Bidault, qui n'hésita pas à sauter en parachute, à prendre tous les risques et à diriger les réseaux tout en échappant à la Gestapo qui l'aura poursuivi sans relâche.) Giscard avait un port aristocratique qui convenait bien à la fonction, mais il en souffrait, il voulait faire popu, alors il a pris le métro qu'il a découvert à l'occasion et même (oui, oui),  en col roulé, et même, (oui, oui), il a joué de l'accordéon et même, (oui, oui), il est allé, une fois par mois, partager le dîner d'une famille modeste. A force de s'incliner chapeau bas, on se fatigue, Giscard s'est redressé mais la fonction présidentielle avait perdu de son aura. Mitterrand avait débuté royalement sa présidence en invitant à Versailles, la reine d'Angleterre, et en carrosse si mes souvenirs sont bons, pour un dîner royal. La suite fut plus prosaïque. Mitterrand aura présidé et non régné pendant 14 ans (1981-1995), le plus long mandat de toutes les républiques. Intelligent, cultivé, issu d'un milieu de droite, ayant débuté sa carrière administrative sous le régime de Vichy et conservé des rapports étroits avec Bousquet, malgré la condamnation de ce dernier, il aura été le plus machiavélique de tous les Présidents. Il aura réussi l'union de la gauche sous l'étiquette socialiste au congrès d'Epinay, aura pris dans son gouvernement des communistes pour mieux les contrôler et les digérer, ( ils ne s'en remettront pas, le pauvre Robert Hue aurait voté Macron !) Il aura fait élire au Parlement Jean-Marie Le Pen, pour s'en servir d'épouvantail et créer un "réflexe républicain", etc, etc. Il aura réussi, sur le modèle anglo-saxon, à fédérer deux courants majeurs, la Gauche et la Droite (quelles que soient les étiquettes), à créer l'alternance qui se révèlera vite comme étant l'art de faire du sur-place, dont nous payons aujourd'hui les conséquences.Avec Mitterrand, la république, de monarchique est devenue aristocratique et d'aristocratique ...oligarchique (point trop n'est besoin). Est-il nécessaire de mentionner Chirac, qui lui succéda, tant il fut transparent . Reconnaissons à Sarkozy d'avoir tenté de redonner de la puissance à la fonction présidentielle, à tel point que le pauvre Fillon ne fut qu'un simple exécutant comme l'avait été à l'ombre du général le malheureux Debré ( Michou la colère ) !  Peu cultivé (il se demanda pourquoi on faisait encore étudier la Princesse de Clèves aux étudiants en Lettres !),  un vocabulaire à la limite de la vulgarité ( "casse-toi, pauv' con !"  " la racaille" le "Kärcher"),  des tics nerveux, sans aucune prestance, "Sarko" (un terme qui en dit long), fut vite assimilé à de Funès. Avocat d'affaires, et vite compromis (à tort ou à raison) dans des affaires douteuses, il présida la France comme un PDG, au coup par coup, sans hauteur de vue. D'aristocratique, la République est devenue "popu".  Enfin, apparut... Hollande, le gentil et rondouillard président qui, d'entrée, clama qu'il serait un président...normal, et joignant l'action à la parole, dès son élection assurée, il prit des vacances ! Comment, dans ces conditions s'étonner que Macron veuille redresser la fonction présidentielle...à la verticalité , selon sa propre expression ?

         Avançons encore d'un pas dans le réalisme et le concret : les Coups d'Etat, l'ont toujours été lors d'une crise économique aiguë, de prélèvements lourds favorisant la précarité,  et d'une insécurité de plus en plus prégnante. Inutile de développer : Napoléon 1er, le Prince président, de Gaulle, Macron, mêmes circonstances, mêmes conséquences.

                                                                                        

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