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Le Coup d'Etat

               pythecos-11.jpg    Non seulement l'élection présidentielle d'avril 2017 demeurera pour les historiens la fin d'un cycle (XXème siècle) et l'entrée dans une ère nouvelle (XXIème siècle), à l'instar des précédentes révolutions séculaires telles que nous les avons décrites (1415, 1515, 1610,etc.)...... mais elle mettra en lumière une entreprise politique qui s'apparente à un Coup d'Etat.

     La première question que nous devons logiquement nous poser est de définir ce qu'est un coup d'Etat !

     Ce n'est pas un putsch, la prise du pouvoir par des militaires, la neutralisation des moyens de communication et d'information et l'arrestation du chef de l'Etat. Les putschs sont le plus souvent accompagnés de violences physiques, mais pas forcément. Ils sont très nombreux en Afrique et sont la marque d'une instabilité politique et d'un pouvoir faible. En France, l'exemple le plus récent est la tentative ratée des généraux (Salan, Jouhaud, Challe et Zeller) à Alger, le 21 avril 1961.

     Ce n'est pas davantage une révolte (je préfère ce terme à celui de révolution qui prête à confusion). C'est la prise du pouvoir par le peuple, ou du moins une fraction du peuple, appuyé, encadré  ou non par des éléments militaires indépendants. L'exemple le plus célèbre est celui du 14 juillet 1789. Ces émeutes populaires sont le plus souvent mortifères, à la différence des putschs qui consistent à faire pression sur le pouvoir... lequel, le plus souvent, abdique.

     Le Coup d'Etat  est l'un des moyens les plus utilisés pour s'emparer du pouvoir. Il est le fait d' un individu, le plus souvent membre du sérail, ou d'un groupe de pression par des moyens apparemment légaux, la légalisation intervenant après la prise de pouvoir par un plébiscite, un referendum ou une élection. Ces coups d'Etat sont parfois qualifiés de "velours" puisqu'ils se font en douceur, parfois dans l'indifférence générale ou, pour le moins, sans prise de conscience réelle. Il s'appuie souvent sur l'exacerbation du pouvoir en place,dans l'impossibilité de résoudre les problèmes économiques et financiers et sur une volonté populaire de changement. (Sortir les sortants - Place aux jeunes).
       Les exemples les plus notoires sont celui du 18 Brumaire an VIII, celui de Napoléon III,  enfin celui de De Gaulle en 1958.
     Pour comprendre ces Coups d'Etat, il est nécessaire de revenir succinctement sur les 4 Républiques qui ont précédé la ...5ème !

      La première République met fin à la Monarchie parlementaire, elle s'étend sur 12 ans de 1792 à 1804. Pendant toute cette période elle dut faire face, à l'extérieur,  aux guerres  contre l'Europe coalisée et à l'intérieur, aux guerres de Vendée. Ces flambées de violence, quasi permanentes, furent la cause d'un sentiment d'insécurité, auquel s'ajoutèrent des pénuries alimentaires, une flambée des prix et une instabilité politique.  Sur l'initiative de Sieyès et avec l'appui des financiers, le coup d'Etat du 18 Brumaire an VIII (9 novembre 1799) renverse le Directoire et nomme 1er consul le général Bonaparte: il est jeune (30 ans) et jouit de la ferveur populaire. Lequel Bonaparte se fera nommé consul à vie en 1802, puis empereur en 1804.  Le 1er Empire enterre définitivement la 1ère République qui n'en n'avait plus que le nom.

      La deuxième République (24 février 1848 - 2 décembre 1852) La France traverse une grave crise économique et financière. Aux mêmes causes, les mêmes effets: des émeutes à Paris et dans les principales villes ouvrières. (Ces émeutes ne sont autres que les manifestations  auxquelles nous assistons aujourd'hui avec son cortège de casseurs et parfois de bavures policières.) Dans l'impossibilité de maîtriser la situation, le roi Louis-Philippe abdique en faveur de son petit-fils, le comte de Paris. Le 24 février 1848, Lamartine proclame sur le perron de l'Hôtel de Ville de Paris la 2ème République. Un gouvernement provisoire est constitué. Le suffrage universel (uniquement masculin) est adopté. Le 10 décembre de cette même année, Louis Napoléon Bonaparte, neveu de Napoléon 1er est élu, au suffrage universel, président de la République. (Il est jeune, 40 ans, et bénéficie de l'aura de son oncle). Certaines clauses précisent que la durée du mandat se limite à 4 ans et que toute réélection est interdite. Ce sont ces deux clauses qui vont entraîner le Président Bonaparte à passer outre la loi, ce qui en d'autres termes s'appelle..un Coup d'Etat ! Le 2 décembre 1851, (cette date du 2 décembre est doublement symbolique : celle du couronnement de Napoléon 1er (1804) et celle de la victoire d'Austerlitz (1805), la com'...le marketing.... déjà !) le Président dissout l'Assemblée parlementaire, sous le prétexte fallacieux qu'il est le seul à détenir sa légitimité, issue du suffrage universel. (Ce coup d'Etat  fera date et frappera les esprits républicains : il faudra attendre 1 siècle pour que le Président  soit à nouveau élu au suffrage universel : de Gaulle !  La durée du mandat est portée de 4 à 10 ans. Un sénatus-consulte rétablit la dignité impériale: Napoléon III, empereur des Français - Fin de la 2ème République. (cf. les actuelles ordonnances, les décrets pris arbitrairement, ou après un semblant de consultation, pour accélérer les réformes, qui avec le jeu des amendements et la navette entre l'Assemblée et le Sénat, demanderaient au moins deux ans avant d'être être adoptées et appliquées)

     La Troisième République, va naître une nouvelle fois d'un conflit armé: la guerre (1870-1871) qui opposera la France et la Prusse. Le 2 septembre 1870, l'empereur Napoléon III est fait prisonnier à Sedan. Le 4, des émeutiers envahissent le Palais-Bourbon, un gouvernement de Défense Nationale est constitué, Gambetta, du balcon de l'Hôtel de Ville proclame la République. Des élections auront lieu, un président élu (Mac-Mahon). Toutefois, échaudés par l'échec des deux premières républiques, qui auront été en quelque sorte des brouillons, les Républicains tergiverseront pendant 7 ans avant d'imposer les lois républicaines qui seront encore amendées et perfectionnées pendant les décennies suivantes. Ce travail législatif portera ses fruits puisque la 3ème République s'imposera dans la durée: 70 ans, de 1870 à 1940, et encore  pourrait-on y joindre la 4ème République qui fut une 3ème République-bis. Toutefois, si cette 3ème République, encore jeune et forte, surmonta l'épreuve tragique de la "grande  guerre 14-18 ", minée par le pacifisme et le "j'm'en foutisme", elle s'effondra en 1940 contre cette même Allemagne. Le 14 juin, les Allemands entrent dans Paris, le président du Conseil (Reynaud) démissionne, il est remplacé par le maréchal Pétain qui négocie l'armistice. Le 10 juillet, l'Assemblée nationale, réunie à Vichy, vote les pleins pouvoirs à Philippe Pétain qui se désigne  lui-même, comme  chef de l'Etat français. Le terme-même de République disparaît. Pendant cette période, la 3ème république aura connu 14 Présidents, aux pouvoirs essentiellement honorifiques (la trahison du président Louis Napoléon restera ancrée dans les esprits républicains). Par dérision, on disait d'eux qu'ils étaient tout juste bon à inaugurer les chrysanthèmes !  Le pouvoir était entre les mains du Président du Conseil, laquelle présidence était l'objet de "magouilles" politiciennes partisanes et la cause d'une instabilité ministérielle chronique, que la 4ème République ne saura conjurer.

       La Quatrième République nait de la défaite de l'Allemagne et de la libération du territoire par les armées "alliées". Le Comité français de Libération, créé en 1943 à Alger se transforme en Gouvernement provisoire, présidé par de Gaulle, dès la libération de Paris en 1944. Une ordonnance donne le droit de vote aux femmes; suivent  des élections législatives, la formation d'une Assemblée constituante, des referendums, etc... Au final, la quatrième République ne sera que  la résurgence et la continuation de la 3ème République.
     En janvier 1946, de Gaulle dénonce le régime d'Assemblée auquel il reproche la faiblesse et l'instabilité et démissionne de la Présidence. Il crée néanmoins son propre parti, le RPF (Rassemblement du Peuple Français) qui obtient aux élections un grand succès (40% aux élections municipales de 1947 - 121 sièges aux élections législatives de 1951) mais qui se trouve dans l'impossibilité de gouverner et de modifier la Constitution. De Gaulle dissout son propre parti et se retire de la vie politique tout en laissant entendre qu'il serait disponible... le jour où.

     Ce jour viendra en 1958. Malgré une œuvre considérable, minés par l'instabilité ministérielle, les divers gouvernements  se trouvent dans l'incapacité de résoudre les "opérations de maintien de l'ordre" en Algérie. A Alger, les généraux, au cours d'une manifestation monstre, réclament le retour au pouvoir du général de Gaulle et laisse peser la menace d'un putsch. Le Président de la République René Coty cède à la pression et appelle le général de Gaulle. Ce dernier charge Michel Debré de rédiger rapidement une nouvelle constitution qui limite le rôle et l'influence du Parlement, au profit d'une présidence forte. De Gaulle fait adopter cette constitution par  referendum : Approuvez-vous la constitution qui vous est proposée par le gouvernement de la République ?    OUI: 82,60%   Non: 17%

La Quatrième République est morte, vive la Cinquième  !.

                                                                      

    

 

                                                                                                               
  
 
  

                                                                                                    
     

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