Effectivement la diminution du nombre d'agriculteurs de plus de 50% à moins de
4 % au cours du siècle précédent est bien une révolution en soi et pose, à la nouvelle génération du XXIème siècle, des problèmes sociétaux, économiques, etc. qui demanderont des réponses politiques.
Mais parallèlement le monde ouvrier a t-il connu cette même décrue ?
Tout à fait, même si le degré est moindre. La décrue du nombre d'ouvriers ne commence réellement que pendant les années 30. En 1970, les ouvriers ne représentent plus que 37% de la population active, et encore faut-il souligner que seuls 30% d'entre eux seront restés ouvriers tout au long de leur carrière. En 1999, après la disparition quasi totale de certains secteurs (métallo-mineurs) cette proportion n'est plus que de 25 % mais ce pourcentage inclut le nombre des chômeurs, plus d'un million à cette époque - et ce nombre n'a cessé d'augmenter : près de 3 millions, en 2017. Aujourd'hui les entreprises délocalisent, et/ou développent la sous-traitance. Il faut tenir compte également de l'accroissement de l'automatisation et du changement de statut de certains ouvriers qui échappent à leur condition en devenant contrôleurs, voire techniciens supérieurs; ajoutons que certains d'entre eux choisissent une reconversion professionnelle au profit du secteur tertiaire, en pleine expansion. Le nombre d'actifs diminuerait, selon l'INSEE, de 50 000 par an. Il faut toutefois nuancer et relever que cette diminution touche beaucoup moins les emplois qualifiés, en particulier ceux de l'artisanat, qui échappent à la routine, à la pénibilité des gestes répétitifs, qui offrent une plus grande flexibilité et plus d'autonomie.
Il faudrait, évidemment, nuancer ce rapide tableau de la condition ouvrière qui n'est plus celle de la fin du XIXème siècle chère à Zola. Aujourd'hui la moitié des ouvriers sont employés dans des PME de moins de 50 unités. La condition ouvrière doit être aujourd'hui considérée secteur par secteur. Ainsi, certains d'entre eux sont en expansion, en particulier les transports et la maintenance (tri, conditionnement, envoi, cf. Amazone, FNAC).
Cette révolution au cours du XXème siècle est patente politiquement : effondrement du parti communiste, quant aux candidats "ouvriers" Philippe Poutou n'a rassemblé que 1,09 des suffrages exprimés, et Nathalie Arthaud (qui n'est pas "ouvrière" mais professeur) 0,64 % Syndicalement, pour la première fois, la CGT est devancée par la CFDT qui est plus spécifiquement un syndicat d'employés (tertiaire)
Cette révolution industrielle, liée à la mondialisation et au chômage, sera elle aussi au cœur des préoccupations du XXIème siècle.
(à suivre)