Votre démonstration semble pertinente, à la condition, comme vous le soulignez, de prendre en compte une certaine continuité, le siècle nouveau puisant sa source dans une évolution sous-jacente du siècle précédent (les précurseurs) et se poursuivant le siècle suivant en s'affaiblissant de plus en plus avant de disparaître (les conservateurs). Avez-vous une explication qui justifierait ce rythme séculaire ?
Non, hélas ! Je n'ai pas les compétences. La sociologie pourrait peut-être nous éclairer. Toutefois, en me fiant à une certaine intuition - mais l'intuition n'est pas raison - je remarque que cette durée séculaire correspond à trois générations. Un proverbe me revient en mémoire mais je ne peux citer la source: "La première (génération) sème, la deuxième récolte, la troisième dilapide !" On pourrait multiplier les exemples dans la passation des entreprises familiales. J'ai dans ma propre famille un exemple concordant, sauf que la troisième est loin, très loin d'avoir dilapidé !
A l'origine, (XIXème siècle) à la porte d'un château (de la Loire) qui draine de nombreux touristes, un commerce de boulangerie. Un simple fournil, avec son four et son pétrin en bois, le pétrissage se faisant à cette époque à le force des bras, une fenêtre close par un volet qui, une fois ouvert, devient étal, la vente se faisant directement du fournil dans la rue, comme au Moyen Âge.
XXème siècle - 1ère génération, le couple âgé a un fils (unique) qui prend la charge de la boulangerie. Il se marie. La jeune femme est ambitieuse, entreprenante, elle achète le bâtiment qui jouxte le fournil et le couple ajoute une activité plus lucrative de pâtisserie.
2ème génération, une fille : elle a hérité des qualités de sa mère, elle supprime la boulangerie peu rentable, développe la pâtisserie et ouvre un salon de thé dans l'ancien fournil.
3ème génération, à nouveau une fille, mêmes qualités, elle achète la maison mitoyenne pour développer le salon de thé et ajoute une nouvelle activité: une chocolaterie. Le commerce connaît un essor considérable, plusieurs dizaines d'employés en période touristique pleine. La petite pâtissière est devenue chef d'entreprise avec les charges et les complications administratives et financières, lot des entreprises artisanales !
4ème génération: une fille encore et unique, comme la précédente. Etudes supérieures brillantes, en France et à l'étranger. Pour l'heure cherche sa voie, fréquente un sud-américain, ne reprendra pas la pâtisserie, chocolaterie, salon de thé familial. L'aventure familiale aura duré un siècle et aura occupé trois générations.
A vous, lecteurs, de confirmer ou d'infirmer par des exemples précis, ce déroulement d'activités, apparemment séculaire.
Nous nous sommes éloignés de notre sujet ! Que vient faire dans ce développement l'élection présidentielle ?
Je vous comprends, ces 4 volets correspondent à un préambule, sensé présenter l'aspect séculaire de l'évolution sociétale, économique, politique, etc. Dans mon cours d'histoire littéraire, je montrais que l'histoire était (apparemment) un éternel recommencement : classique - romantique - baroque. En réalité cette évolution est spiralée. Lorsque revient une période classique (par exemple) le classicisme est différent du classicisme précédent. Ces considérations sont importantes pour tenter de comprendre l'évolution en cours marquée par cette élection présidentielle et tenter d'imaginer ce que sera le XXIème siècle.
Je comprends votre impatience. Je développerai dans les prochains paragraphes, l'aspect révolutionnaire de cette élection et le coup d'état qui l'a conditionné.