Vous avez évoqué 1415 Azincourt, comme étant un tournant sociétal de l'évolution de le France, je suppose que vous allez évoquer 1515, Marignan !
Certainement pas ! Encore un mythe ! Et quand nous allons évoquer les mythes de Vercingétorix à de Gaulle... la relation risque d'être longue ! Cette date, magnifiée par l'historien Lavisse, dans les manuels scolaires, pour galvaniser l'amour de la patrie après la défaite cuisante de la guerre de 70, n'a pas lieu d'inspirer notre admiration. Marignan, une victoire certes, mais plus de 16 000 cadavres sur le terrain... une boucherie ! Et victoire éphémère puisqu'elle fut suivie de Pavie, une défaite tout aussi retentissante puisque le roi de France, François 1er, y fut fait prisonnier. Non 1515, c'est le 1er janvier, la mort du roi Louis XII et l'avènement de François 1er, sacré roi le 25 à Reims.
Le règne de François 1er inaugure un siècle que les historiens ont dénommé: Renaissance. Soit.
je retiendrai trois idées majeures, sans les développer, ce n'est pas le sujet:
- une évolution idéologique du domaine politique. L'Etat et l'Eglise se séparent (Concordat entre le roi et le pape); ils se séparent mais demeurent solidaires (Henri IV, Paris vaut bien une messe).
- l'intensification des courants commerciaux entre le Nouveau Monde (l'Amérique) mais aussi l'Inde et l'Afrique; l'apparition d'une riche bourgeoisie d'affaires, alimentant la noblesse robine et diminuant d'autant la noblesse d'épée qui se replie dans sa "gentilhommière campagnarde" et vit souvent dans la gêne.
- Surtout, l'apparition d'un esprit nouveau, l'Humanisme, qui va s'étendre à l'Europe occidentale. Un bouillonnement intellectuel dans les Universités mais aussi dans de multiples Académies. Les textes latins et grecs n'avaient pas été oubliés au Moyen Age, comme certains le laissent croire, mais désormais ils sont lus en entier dans le texte original. Des interprétations divergent et seront (pour partie) la cause des guerres de religion. Les sciences se développent, en particulier la médecine, mais pas seulement. Les Arts font la place belle au plaisir de vivre, on perce les murailles pour laisser entrer la lumière (les châteaux de la Loire). Ce bouillonnement intellectuel fait l'objet d'une encyclopédie romancée des connaissances ( Rabelais: Gargantua, Pantagruel, le Tiers livre)
Vous venez de faire une synthèse du XVIème siècle.....
Non, certainement pas ! Le XVIème siècle est beaucoup plus riche que ces quelques notes! Ce que je veux souligner c'est le côté aléatoire du choix de ces dates charnières et l'évocation de la Renaissance s'y prête particulièrement bien . Pourquoi 1515 ? j'aurais très bien pu prendre 1514, 1513 ou 1516, ce qui n'aurait rien changé. Toute une évolution s'est faite en amont. Ainsi, la diffusion des connaissances n'a été rendue possible que par le perfectionnement de l'imprimerie (Gutenberg), la navigation hauturière et la découverte du Nouveau Monde par l'invention de l'astrolabe et du gouvernail d'étambot (entre autres). Ce n'est que lorsque les inventions, les mutations sociétales, etc. parviennent à maturité que l'on peut parler de mutation, de passage d'une ère à une autre et par la même de révolution (au sens littéral du terme), les révolutions pouvant être...pacifiques !
Cette remarque vaut-elle pour toutes les dates que vous avez citées ?
Tout à fait et la Renaissance, elle même, n'échappera pas à une évolution souterraine qui éclatera au grand jour et s'imposera en 1610.
(à suivre)