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Politique

"Martine Aubry a perdu le Nord (...).Pour une personnalité du PS, qui plus est de l'envergure d'Aubry, devoir composer localement avec une majorité qui lui est clairement hostile est un rude camouflet politique.
  
Dommage, les frondeurs l'avaient peut-être rêvée en Grande Mademoiselle tournant ses canons vers les troupes du monarque pour les bombarder et soutenir les révoltés.(...) Jouer contre son camp est un art, disait le cardinal de Retz." (Ainsi s'exprime Macé-Scaron dans le n°948 du 19 juin 2015 de Marianne)

    Le journaliste fait preuve d'une connaissance aiguë de l'Histoire, plus particulièrement de la Fronde. Qu'en est-il de cette métaphore filée ?
     Précisons d'abord qu'une fronde n'est pas ce vulgaire lance-pierre, que les enfants utilisaient naguère pour consteller les plafonds, ou le tableau noir, de boulettes de papier (mâché, de préférence)! C'est une antique arme de guerre, peut-être l'une des premières armes de jet. La Bible ne révèle t-elle pas que c'est l'arme utilisée par David pour terrasser Goliath ? Quoi qu'il en soit, David aidant, et c'est la première leçon à retenir, c'est l'arme des faibles contre les puissants.
    Au XVIIème siècle, la fronde n'est plus une arme, mais un jeu. Les ados de l'époque, étudiants, laquais, compagnons et autres, se réunissaient dans les fossés, au pied des remparts qui entouraient Paris et, ne pouvant se couvrir de gloire sur les champs de bataille, jouaient "à la guerre", principalement les  dimanches et fêtes, jours de relâche. Cette pratique était interdite, mais cette interdiction même ajoutait du piment, excitait les manœuvres pour  éviter l'encerclement par les commissaires du Châtelet et l' incarcération à la prison du Temple. Aujourd'hui, ces jeux de guerre sont toujours aussi vivaces, apparemment plus pacifiques puisqu'ils se font par écrans d'ordinateurs, mais tout aussi excitants puisqu'ils incitent les plus faibles d'esprit à échapper à la pression sociale et familiale er rejoindre les "vrais combattants" qui "guerroient pour de bon" sur les champs de bataille moyen-orientaux.
     Au jeu de la Fronde, on se réunissait donc entre "copains", on se partageait les rôles, les uns portant une fleur au chapeau, les autres une paille, les "pour" et les "contre". La notion de copinage est essentielle: la Fronde se joue en interne. Même si l'on convient de se partager en deux groupes, Frondeurs et Frondés appartiennent au même camp. Entre "copains" donc, entre "coquins" disent ceux qui sont riverains des belligérants et subissent les  effets dits secondaires. Ne dit-on pas que 8 mai 1650, une riveraine qui se penchait à la fenêtre de sa cuisine, fut tuée par un projectile égaré ? On dit aujourd'hui, dans un vocabulaire plus soft, que dans ces joutes politiques, certains y laissent des plumes. Et lors des récentes élections des secrétaires départementaux, certains durent avaler "une soupe à la grimace" des plus amères, comme le souligne Macé-Scaron, évoquant la perte, par Martine Aubry, de "sa" chère fédération du Nord.   
     Autre condition, la Fronde ne s'explique que si le pouvoir central est faible. Au XVIIème siècle la Fronde prend naissance à la mort de Louis XIII, en 1643. Le roi est un enfant, la reine-mère, Anne d'Autriche est nommée régente et laisse gouverner son premier ministre Mazarin. Tous les copains ne peuvent pas profiter de l'aile protectrice et rémunératrice de la régente et de son ministre, les "laissés pour compte" vont donc fronder inlassablement dans l'espoir d'avoir une place au soleil ! Lorsque le dauphin sera majeur, la Fronde cessera.
     Pour que cette Fronde soit bien vivante et pèse sur le pouvoir central, il faut le puissant adjuvant des médias qui ne vont pas faillir ! Et c'est un déferlement d'Hollandades, sur le modèle des mazarinades. Ne dit-on pas que François de Hollande, à l'instar de son homologue Anne d'Autriche est de petite vertu ? Ne fait-on pas le compte de ses maîtresses ? Ne l'accuse t-on pas de mollesse, d'indécisions, pour tout dire d'incompétence ? Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. Mais ce n'est pas chose facile, car le chien est bon nageur! François d'Autriche, pardon, de Hollande, fait bonne figure, il sourit, il inaugure les roses (c'est même une prédisposition), mais aussi les marguerites et les chrysanthèmes, il sourit et promet, tout et son contraire. Les mensonges ? les faux pas ? nenni, ce n'est pas lui, c'est son 1er ministre: il est aujourd'hui si difficile de se faire comprendre et obéir...mais foin du pessimisme ambiant, demain s'annonce rayonnant. Ah! demain! demain! Que la procrastination est un doux mot. Et pendant ce temps, le 1er ministre gouverne, il prend acte des protestations qui sont toutes justifiées mais n'en a cure ! Il siffle quand il le faut la fin de la récréation. En rang par deux, à vos pupitres, assis, écrivez: 49-3, et chacun bien sagement écrit sous la dictée.
     Peut-il en être autrement ? Certainement pas. Les moins nantis voudraient bien être les plus nantis, mais s'il "poussaient la fronde un peu trop loin et un peu trop fort", ils perdraient tout. Alors, à bien penser.......et Martine - comme les autres !
     La Fronde est un jeu, une posture et rien de plus. La Régence prendra fin aux prochaines présidentielles. Nul ne sait quel nouveau Louis XIV sortira des urnes.

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