Une mesure nécessaire ou inutile ? Urgente ou non ?
Il est des débats qui me laissent pantois. Car, quoi ? Sommes-nous en guerre ou non ? Nos forces armées (infanterie, aviation, marine) sont elles engagées au Mali, au Centre Afrique , au Proche Orient ? Ou non ? Une partie de l'Irak et de la Syrie est-elle occupée ou non, par un Etat fantôme, auto-proclamé, Etat-Islamique ? Cet Etat d'essence religieuse, professant un islam radical ou salafiste, n'affirme t-il pas des visées expansionnistes au proche Orient et n'a-t-il pas déclaré la guerre à à la civilisation occidentale ? Ce n'est pas l'objet aujourd'hui de débattre de ce sujet mais d'examiner l'une des conséquences.
Naguère quand un Français passait à l'ennemi et se retournait contre sa mère patrie, il était qualifié de traître ; arrêté, il passait devant un conseil de guerre et, le plus souvent, il était fusillé ! Si c'était un civil, il échappait rarement à la corde. Ses mesures drastiques ne sont plus aujourd'hui appliquées depuis la suppression de la peine de mort , et nous ne pouvons que nous en réjouir. Doit-on pour autant ne pas nous prémunir contre ces assassins, ces terroristes qui « viennent jusque dans nos bras, égorger nos fils et nos compagnes » ?
Certains préconisent de déchoir de la nationalité française ceux d'entre eux qui bénéficient d'une double nationalité : les déchoir de la nationalité française n'est pas les rendre apatride, puisqu'ils ont une autre patrie. Soyons concrets. Un Français, parce qu'il est né en France mais qui, par ses origines, conserve une autre nationalité, (plus être plus précis, disons maghrébine, car ce sont les cas les plus fréquents) prend les armes et les tourne contre des Français tuant indistinctement et semant la terreur, c'est un terroriste, un traître, un hors-la-loi. S'il ne se suicide pas (kamikaze) ou s'il n'est pas tué par les forces de l'ordre, il sera arrêté, jugé, emprisonné. A la fin de sa peine, qu'il soit expulsé de France, ce n'est qu'une mesure pénale, inhérente à sa condamnation, et je ne vois pas en quoi elle serait choquante.
Néanmoins, certains s'érigent contre cette mesure sous le prétexte qu'elle créerait une inégalité entre les binationaux et les nationaux. Ils agitent la double peine. Celui qui n'a pas la double nationalité demeurerait Français et coulerait en quelque sorte des jours heureux. Certes on ne peut pas l'exclure, en faire un apatride, mais il existe dans le code pénal des mesures tout aussi sévères: c'est l'indignité nationale. Elle a été largement appliquée à l'heure de la libération du territoire contre ceux qui avaient collaboré avec les nazis. Non seulement le condamné perd ses droits civiques comme celui du droit de vote, ce dont il se moque éperdument, mais - en fonction de l'étendue de sa traîtrise, on peut étendre la peine à la perte d'une pension, du droit de fonder une entreprise, d'ouvrir un compte bancaire, etc. Il ne perd pas sa nationalité mais il peut en perdre tous les avantages. Il n'est pas fusillé, mais c'est un citoyen mort.
Certains de ceux qui s'opposent au projet vont encore plus loin et considèrent que ces terroristes sont des victimes de notre civilisation occidentale ! Il faut les accueillir, les aider à corriger leurs errances, etc. etc. Et bis repetita ! Accordons à ces terroristes... la paix des braves ! La mesure gaullienne, en ce qu'elle a eu d'effets négatifs pour ne pas dire, catastrophiques, n'a toujours pas été retenue ! Elle demeure l'un des piliers du "politiquement correct" !
Non seulement je ne vois pas en quoi cette mesure serait anticonstitutionnelle ou inhumaine, mais je pense qu'il faudrait l'étendre, non seulement aux djihadistes mais à tous ceux qui, dans l'ombre, favorisent le djihad, à commencer par les imams salafistes, les passeurs, les financiers......
Je pense que ces mesures sont naturelles, et même urgentes. Sans entrer dans le détail, on sait que la plupart des assassins qui ont opéré, notamment à Paris, étaient des repris de justice qui auraient dû être en prison mais qui avaient bénéficié de libération anticipée ! D'autres étaient connus pour leur engagement islamique, sans être pour autant inquiétés. Et pourtant, malgré ce caractère d'urgence, je pense que cette mesure pourrait attendre. Car c'est une mesure sulfureuse qui n'a d'autre but que d'être un argument de propagande électoraliste. Cette mesure ne peut que plaire à la droite classique, alors, Hollande initie cette mesure dans l'espoir de grattouiller quelques voix sur sa droite.... il doit juger qu'elles ne seront pas de trop. Quant à Jupé, présenté aujourd'hui comme le candidat le plus vraisemblable de la Droite, il dénonce cette mesure comme inutile et cherche surtout à conquérir des voix de gauche qui, à lui aussi, ne seront pas de trop.
Dans ce débat où est la sincérité ? Nous retombons, inlassablement, dans la politique la plus basse qui soit...la politique politicienne. Et pendant ce temps les vrais problèmes sont escamotés. Si cette mesure doit être prise, malgré son caractère d'urgence, qu'elle le soit après l'élection présidentielle.